résidence d'action culturelle dans le calaisis, au printemps 2022

    développement d'ateliers et de performances autour du son, de l'écoute, du corps et de la plasticité


J’ai voyagé jusqu’à Calais avec une idée. Explorer, au plan sonore, la subtilité d’objets simples, leur plasticité, leurs secrets.M’attarder aux matières disponibles dans le paysage et dans l’école d’art, comme l’argile, le bois, le verre et la roche. Je voulais écrire aussi, prendre le temps de m’asseoir et de rédiger des partitions textuelles (au café du Minck, souvent, dans le matin) qui guideraient la recherche. Je savais qu’il faudrait partager, rapidement, avec différents publics, et je rêvais d’une porosité entre création et médiation. Je souhaitais que la rencontre régulière avec différents publics agisse comme un rebond, un feedback direct nourrissant la création des prochaines heures, des prochains jours.

J’ai d’abord travaillé avec les étudiant.e.s de la classe préparatoire, qui m’ont suivie dans le vertige du début de projet, alors que je rédigeais peu à peu ce qui deviendrait un recueil et un atelier (eau os, je pense). Je voulais faire plonger les participant.e.s dans leurs corps et dans le jeu sonore comme je souhaite plonger moi-même, avec attention, ludisme et tendresse, dans le son et la présence. Comme je l’ai pratiqué avec Florence Garneau, au cours des trois semaines où elle m’a rejointe à Calais avec son saxophone, pour explorer de nouvelles musiques minimales et collaborer aux ateliers.

Mon appartement était à mi-chemin entre l’école et la mer. J’ai visité la plage souvent et j’ai aimé comparer mes côtes - ces os qui oscillent - à la longue côte courbée du paysage, que je pouvais longer en voiture, et où je me suis baignée, dans les vagues (avec Lou, Louison et Perrine). Ce sont ces côtes (les miennes, et celle du dehors) qui ont d’abord nourri le travail, comme un passage vers l’intérieur, un monde qui peut s’ouvrir doucement, pour ensuite mieux rencontrer la matière, chercher, jouer ensemble, tourner les boutons d’effets et bouger les potentiomètres du synthétiseur. Il y a une enfant un jour qui a réussi à faire bouger ses côtes en respirant, (soyez votre propre côte) après de longues minutes d’efforts, de résistances et d’hésitations. Je l’ai ensuite vue se déployer dans le jeu, dans l’écoute, dans les dessins invisibles et les sons granuleux. Je la remercie, mon coeur s’attendrit à cette pensée et à tellement d’autres. Je remercie tous les enfants et les grand.e.s qui se sont prêté.e.s au jeu. J’ai aimé travailler auprès de vous. 


Les photos présentées sont de Marine Leleu.

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